Honneur aux compétences transversales !

H

Ce billet vient d’une autre époque (2015).

Vérifiez s’il est encore d’actualité ! 

Le professeur entre dans la classe. Il y découvre de charmants élèves. Mais des élèves tellement agités qu’il arrive difficilement àlancer de premières activités d’apprentissage. Des questions commencent àfuser : « Ã€ quoi ça sert ?  ».

Le professeur entre dans la classe. Il y découvre de charmants élèves. Mais des élèves tellement agités qu’il arrive difficilement àlancer de premières activités d’apprentissage. Des questions commencent àfuser : « Ã€ quoi ça sert ?  ».

Pourquoi apprendre ?

Et effectivement, àquoi ça sert ? Ces enfants vivent dans une société où l’accès au savoir et l’acquisition de compétences se font désormais sans véritable apprentissage. Google, YouTube, Wikipedia, le logiciel de correction orthographique, la caméra du smartphone s’occupent de tout… ou presque : il faudra quand-même cliquer pour « choisir  » ou bien copier-coller pour « s’approprier  » des contenus.

Ces choix seront-ils arbitraires ou motivés ? Ces copiés-collés seront-ils simplement remis àl’enseignant ou les contenus en seront-ils réellement exploités ?

On le comprend, les technologies de l’information et de la communication permettent de savoir et de savoir faire… sans apprendre. Pourquoi dès lors vouloir apprendre ?

D’autres changements sociétaux n’arrangent pas les choses. Pensons ànotre mode de vie, presque réduit au consumérisme, àla conception nouvelle de la famille qui s’attache désormais plus àson bien-être qu’au bien collectif. Songeons aussi au fait que l’autorité institutionnelle de l’enseignant n’existe plus et qu’elle n’est remplacée… que par l’éventuel charisme de ce dernier. Considérons enfin comment sont tracées les politiques éducatives : les termes en sont presque exclusivement financiers, économiques, concentrés désormais sur la notion d’employabilité.

Il n’est pas étonnant dès lors que l’acquisition d’une culture ne constitue plus un objectif en soi dans l’esprit des élèves, qu’ils ne cherchent plus às’épanouir dans l’activité d’apprentissage elle-même. Ils se contentent d’effectuer, bon gré mal gré, des exercices mécaniques et àaccumuler, par simple imitation, une collection de savoir-faire utiles pour leur insertion dans le monde du travail. Peu de place pour la réflexion dans ce système : l’école n’apprend plus àpenser, l’école n’apprend plus àapprendre, l’école n’apprend plus àdevenir.

Réinventer l’école

Bien beau tout cela ! Mais est-ce aux seuls enseignants qu’incombe la tâche de réinventer l’école ? Y arriveront-ils ?

Si la fonction de l’école est bien de rendre les élèves capables de gouverner leurs actes par quelque intelligence, de développer des qualités morales, de s’approprier les valeurs partagées par leur société d’appartenance, alors oui, les enseignants peuvent apporter leur pierre àl’édifice.

Comment ? Tout simplement en remettant àl’honneur les objectifs transversaux dans leurs préparations de cours. Nous parlons de ces objectifs qui ne sont pas exclusivement liés – dans notre cas – àl’apprentissage d’une langue.

Entrons dans la classe et proposons aux élèves de participer seuls, sans notre aide, àun vrai concours, doté de vrais prix, assorti d’un règlement rédigé en français. Ils choisiront d’y participer, ils décoderont et interprèteront le règlement, ils tâcheront de le respecter, ils créeront, ils collaboreront, ils s’entraideront, ils veilleront àperfectionner leurs productions, ils respecteront les délais, ils tireront du plaisir de toute cette activité, ils apprendront àrespecter l’Autre lors des échanges, ànégocier, etc. Waouh !

On l’a saisi : plus que de simples compétences de communication en langue cible, ce sont des compétences transversales, horizontales, sociales, qui auront été développées… ces compétences actionnelles (savoirs, savoir-être, savoir-faire) dont le développement est justement promu par le Cadre européen commun de référence pour les langues. Tiens ? Toujours vivant, celui-là ? Nous venons de comprendre pourquoi.

La recette serait donc de ne plus vouloir àtout prix enseigner le français ou – mieux ! – de ne plus vouloir faire apprendre àcommuniquer en français, mais plutôt de vouloir faire apprendre àapprendre, apprendre àpenser, apprendre àdevenir… au hasard d’un cours de langue, par exemple. Oui, l’objet du cours ne constituera plus qu’un prétexte.

Priorité aux objectifs d’apprentissage exprimés en termes de compétences transversales, donc ! Le reste suivra.


À propos de l' auteur

Olivier Delhaye

Professionnel de l’enseignement supérieur avec plus de 35 ans d’expérience en linguistique, expert en méthodologie d’enseignement des langues et évaluation des compétences. Co-fondateur du Méthodal OpenLab, auteur et consultant en éducation linguistique.

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Pour citer ce billet aux normes APA7 :

Delhaye, O. (2015). Honneur aux compétences transversales !.  Gallika.net. https://gallika.net/?article903.

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