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Les prénoms de nos petits élèves dans la classe de français

Septembre. Premiers cours de français à l’école. Le prof démiurge décrète en fixant l’un de ses élèves : « Tu t’appelleras Michel ». Puis de se raviser : « Non, Michalis ». Et au moment d’écrire le prénom au tableau, beaucoup moins sûr de lui : « … ou Mihalis ? ».
Les considérations qui suivent aideront, j’espère, les enseignants plongés dans cette situation à opérer les choix les plus appropriés.

Un prénom grec peut être francisé (Michel), transcrit (Michalis) ou translitéré (Mihalis, Mixalhs).

Affublé d’un prénom francisé, l’apprenant peut se projeter plus facilement dans la peau d’un personnage bien intégré dans la culture cible : son nom ne revêtira pas de connotation trop particulière, ne trahira pas quelque différence ingérable. En outre, le jour d’une interaction véritable avec des Francophones venu, le prénom sera facile à prononcer et à retenir par ces derniers.

Le fait de s’appeler autrement peut aussi conférer à l’interaction pédagogique une dimension ludique ou une part de rêve propices à tout apprentissage. Le pseudo cher aux « gameurs », en quelque sorte...

Attention toutefois : s’appeler autrement peut aussi traduire une peur ou un refus d’affirmer une partie de son identité culturelle ou simplement psychique.

Si l’on opte pour la seconde solution, celle de la transcription du prénom, il existe deux choix théoriques : celui de la transcription du prénom à l’aide de l’alphabet phonétique international – ha haha ! – ou celui de la transcription approximative du prénom à l’aide de l’alphabet latin. Dans ce dernier cas, les formes obtenues s’éloignent parfois beaucoup de l’orthographe grecque d’origine (pensez à Φοίβη / Fivi ou Fívi).

Enfin, la troisième et dernière solution peut conduire à la création de formes monstrueuses, qui seront prononcées de façons très éloignées de la prononciation originale (Eiríni). En outre, il existe au moins quatre ou cinq systèmes de translittération.

Et je ne compte pas celui qui permet de passer du grec au greeklish. Là, de toute façon, presque tous les coups sont permis. Et c’est ce qui fait le charme de ce « grec pour clavardage » : le thêta grec, par exemple, peut y devenir un 8 ou un 9 !

D’entre ces cinq systèmes de romanisation du grec, on devrait préférer :

  • celui des Nations unies (UN/ELOT), basé sur ELOT 743 et qui reste le plus proche de la prononciation des mots ou
  • celui de la norme ISO 843 : 1997 qui a l’avantage de s’appliquer aux écritures monotonique et polytonique, du grec classique au grec moderne.

Pour le cas particulier des noms et prénoms, ces normes sont adaptées, notamment par les grandes bibliothèques de la planète. Pour le cas de la translitération vers le français, c’est donc sur le site de la Bibliothèque nationale de France que l’on trouvera son bonheur (http://www.bnf.fr, cliquer sur Autorités BnF).

Ceci dit, que l’on opte pour la solution de la transcription ou pour celle de la translittération, on doit éviter les formes dont le sens en français pourrait prêter à rire (le diminutif Πίτσα, par exemple), les formes en pour les prénoms féminins (le -o final étant plutôt ressenti comme caractéristique du masculin : Marco, Paulo, etc.). Il est parfois risqué, enfin, de se présenter sous un prénom d’origine par trop vieillotte (sous le prénom antique d’Épaminondas, par exemple). Il devrait aussi parfois être tenu compte de l’orthographe du prénom sur le passeport de l’élève.

Le mieux est peut-être finalement d’aider élèves (et parfois leurs parents) à choisir en connaissance de cause comment le prénom sera francisé. Rien n’empêche qu’il le soit d’ailleurs différemment suivant les contextes d’emploi : greeklish sur le net, version francisée dans les lettres informelles, version du passeport dans les documents officiels, etc.

L’enseignant trouvera réunis sur deux pages de l’incontournable Wikipédia

Lien associé :
Tableau reprenant les principes de transcription de l’alphabet grec vers l’alphabet latin, http://fr.wikipedia.org/wiki/Romanisation_du_grec

Professionnel de l’enseignement supérieur avec plus de 35 ans d’expérience en linguistique, expert en méthodologie d’enseignement des langues et évaluation des compétences. …

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