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IMRaD dans le bon ordre, sinon tout s'écroule !

La structure IMRaD ou l’art de déplier une pensée sans tout mélanger

« Par un didacticien du FLE qui a dirigé des dizaines de mémoires et vu la structure IMRaD utilisée de bien des façons, souvent avec bonheur mais parfois de façon plus approximative »

La structure IMRaD – Introduction, Méthodes, Résultats, Discussion – s’est imposée dans le courant du XXe siècle, d’abord dans les sciences expérimentales, puis dans une large part des publications scientifiques à comité de lecture. Aujourd’hui, elle est devenue un standard dans la plupart des disciplines dites « dures » (médecine, biologie, physique) et a été largement adoptée, avec des variations, dans les sciences humaines et sociales [1].

Dans l’enseignement supérieur, la structure IMRaD est fréquemment imposée pour les mémoires ou les travaux de recherche, souvent sans réelle explication de ses logiques internes. Ce qui conduit nombre d’étudiants à la considérer comme une simple grille à remplir, sans percevoir qu’elle vise à organiser la pensée scientifique dans une progression rigoureuse.

Introduction, Méthodes, Résultats and Discussion. Ces quatre lettres structurent la plupart des articles scientifiques aujourd’hui [2]. Mais dans les mémoires de master, elles sont trop souvent confondues avec une recette à suivre à l’aveugle. Mal comprise, la structure IMRaD devient un piège : les étudiants y déroulent leur pensée dans le désordre ou, pire, la noient dans une suite de sous-titres mal investis. Pourtant, bien employée, cette structure est un formidable outil pour organiser, clarifier et convaincre.

La structure IMRaD n’est pas qu’un plan. C’est un processus. L’introduction pose un problème, les méthodes montrent comment on a cherché à y répondre, les résultats exposent les données obtenues et la discussion les interprète. Une chaîne logique, sans retour en arrière, sans digressions, sans anticipation. Or, trop de mémoires inversent cette logique, comme s’il était possible de parler des effets avant d’en avoir présenté les causes.

Première erreur à éviter : l’« Introduction » bavarde. Le chercheur devient scénariste, mais sans dosage : il révèle tout trop vite, au lieu de ménager le suspense : l’introduction empiète sur les sections suivantes, aborde déjà la méthode, cite le terrain, parfois livre des résultats. On y sent l’impatience de l’auteur à tout dire tout de suite. Or, une bonne introduction se retient : elle annonce sans révéler, pose une question sans la résoudre, cerne un enjeu sans lui donner forme.

Deuxième erreur : la « Méthode » racontée à la première personne, comme un journal de bord. « J’ai d’abord construit un questionnaire... puis je l’ai testé... » Non. Il ne s’agit pas de raconter l’histoire du chercheur, mais de permettre à un lecteur de reproduire la recherche. Le lecteur doit pouvoir distinguer clairement : la méthodologie (la posture, les principes), les outils utilisés, les participants concernés, les procédures de recueil de données puis le traitement appliqué. Chacun de ces éléments doit figurer dans la section « Méthodes », sans intrusion d’analyse.

Troisième erreur : les « Résultats » trop bavards. Dans un mémoire bien construit, les résultats sont bruts. Ce sont des chiffres, des tableaux, des citations. Ils ne pensent pas encore. Ils ne jugent pas. Ils ne comparent pas. Ils attendent qu’on les regarde, puis qu’on en discute. L’erreur fréquente est d’enchaîner chaque graphique avec un commentaire interprétatif. Ce commentaire, c’est justement le rôle de la « Discussion ».

Enfin, la « Discussion » n’est pas un résumé. Elle est là pour interpréter les résultats, pour les mettre en lien avec la littérature, pour déstabiliser les certitudes, pour introduire du doute ou de la portée. Une bonne discussion ne répète pas les résultats. Elle les fait parler. Elle reconnaît les limites, elle ouvre des pistes, elle relie les données à ce qu’elles disent de plus concret ou de plus large.

Respecter la structure IMRaD, ce n’est pas remplir des cases. C’est accepter que la pensée se construise dans une forme exigeante, claire et progressive. Et quand on le fait bien, même un lecteur extérieur au domaine peut comprendre, suivre, discuter. C’est peut-être ça, l’excellence scientifique : dire des choses complexes avec une structure simple. Sans confondre la rigueur et l’obscurité [3].

Dans une structure IMRaD bien conçue, les résultats s’exposent sans jugement, la discussion les interprète avec recul. Et c’est là qu’interviennent l’analyse, la mise en contexte et le sens.

__________

[1Toutefois, l’usage de la structure IMRaD reste controversé ou marginal dans certaines disciplines à tradition argumentative (philosophie, histoire, littérature), où l’architecture d’un article suit des logiques moins linéaires.

[2Certains journaux autorisent une présentation conjointe Résultats + Discussion, surtout dans des formats courts. Mais même là, les auteurs doivent signaler clairement ce qui relève du descriptif et ce qui relève de l’analyse.

[3Clin d’œil aux collègues du FLE : cette rigueur dans l’organisation, cette progressivité, ce soin à dire ce qu’il faut, quand il le faut, comme il le faut, c’est aussi ce qu’on explore dans l’apprentissage de l’écrit en langue étrangère. Bref, IMRaD et production écrite, même combat  !

Tableau récapitulatif : la structure « IMRaD » en un coup d’œil

Partie Question centrale Contenus attendus À éviter absolument
Introduction Pourquoi cette recherche ? Problématique, objectif, ancrage théorique, justification
Résultats, interprétations, détails de procédure
Méthodes Comment a-t-on procédé ? Démarche méthodologique, outils, participants, protocole, traitement des données
Analyse, interprétation, storytelling personnel
Résultats Que montrent les données collectées ? Données brutes, tableaux, citations, chiffres
Jugement, implication, conclusion prématurée
Discussion Que signifient ces résultats ? Interprétation, comparaison avec la littérature, limites, implications
Nouvelles données, répétition, résumé sans analyse

En résumé

Cet article clarifie le rôle et les enjeux de la structure IMRaD dans les travaux de recherche, notamment en didactique du FLE. Il passe en revue les erreurs fréquentes (introduction trop bavarde, confusion entre résultats et discussion, etc.) et rappelle que rigueur ne signifie pas obscurité mais bien clarté dans la progression de la pensée. La structure IMRaD bien utilisée n’est pas une contrainte mais un levier pour mieux penser, mieux écrire et mieux transmettre.

— Résumé généré par l’IA.


Professionnel de l’enseignement supérieur avec plus de 35 ans d’expérience en linguistique, expert en méthodologie d’enseignement des langues et évaluation des compétences. …

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